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  • : Vie du club SCV70, consacré à la spéléologie, et un peu le canyoning et la via ferrata.
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23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 21:36

   Participants : Evelyne, Nanard, JMarie, Rodolphe, Etienne, Thierry V, Bruno, Jluc, Joceline et Sarah. 

En ce jour particulier « de tourisme » nous allons suivre les pas d'un héros précurseur bien connu dans notre milieu : Édouard Alfred Martel, entre autres, explorateur en 1889 du célèbre Gouffre de Padirac.

A peine arrivé sur place, la vue de cette gueule minérale béante nous promet une merveilleuse aventure. Ce trou noir aux parois verdoyantes est une véritable invitation à l'introspection de la Terre.

Je pense directement à Martel et à son équipe devant cette immensité inexplorée.. Descendant sur des échelles flottantes de chanvre et de bois les 75m du gouffre, vêtus de guenilles et munis d'un éclairage au magnésium,  alors même que les gouffres étaient encore emprunts de bon nombre de légendes d'un goût amer et mystique.

Face aux moyens de l’époque, j’ose à peine imaginer le courage et la préparation qu'il a fallu à tous ces hommes pour explorer ce trésor. Et j'ose encore moins imaginer leurs émotions à tous, à chaque nouvelles galeries, à chaque nouvelle salle... Indescriptibles, humbles et contemplatives. A coup sur, leurs yeux brillants éclairaient bien plus l'obscurité que leurs lampes.

C'est donc émerveillé que j'aborde cette visite comme tous mes acolytes.. Tous sauf une ! Joceline a une sainte horreur des endroits confinés, elle tremble de bout en bout mais ne ce laisse pas abattre. Dans les bras de Jluc elle tord le cou à la peur et se décontractera petit à petit jusqu'au point culminant de la visite : La Salle du grand Dôme ! « Chapeau bas »

Mais n'allons pas trop vite en besogne. Nous sommes ici en 2023 et ça ne sera pas la descente sur un fil mais bien un passage obligé par la longue file d'attente. Jluc jouera le portier pour tous durant toute la visite muni de nos places sur son téléphone. 1€ de réduction pour les licenciés.. Que dire !

Nous pénétrons enfin dans l'antre de la bête, les escaliers grincent tandis que les marches défilent et nous voici au cœur du gouffre. Je me sens fourmi parmi les hommes, dire que ce gouffre a vu défiler toutes les époques historiques est un euphémisme. Il saurait parler, il récrirait sans doute l'histoire que nous pensons connaître.

Un chemin tortueux nous mène dans les premières galeries où l'eau limpide ne tarde pas à faire son entrée. Nous suivons la rivière jusqu'à l’embarcadère. Tout est immense ici-bas et contrairement à bon nombres de grottes touristiques, l’éclairage n'est pas exagéré ce qui est fort appréciable. Ensuite, la balade se poursuivra comme à Venise. Un habile gondolier nous installe et nous embarque sur la rivière peu profonde, il pleut et les hauteurs de plafond sont impressionnantes.

 Peu après sur un sentier aménagé, des gours démesurés nous accueillent, je pense toujours à l’équipe Martel.. Qui a du avoir peine à franchir ces gours avec leurs embarcations de bois et de toile. Mais quelle splendeur, quelle clarté, dans ces lieux inconnus où même le plus trépide des intrépides ne saurait résister à aller de l'avant. Toujours et encore, franchir les obstacles, tenter d’éclairer toujours plus loin la frontière d'un horizon obscur et mystérieux d'un antre magnifié depuis des millions d’années.

L'arrivé à la salle du grand dôme est dantesque, 94 mètres de plafond sans un soupçon de roche visible. La calcite recouvre tout,  des piles d'assiettes trônent tel un navire naufragé au dessus d'un lac suspendu d'un bleu azur. Joceline ne peut que donner sursis à sa peur devant tant de beauté. Je pense toujours à Martel et à l’écho de ses camarades... Que pouvaient-il voir de tout cela ? Sans doute moins d'un dixième de cette salle, seulement le début des coulées stalagmitiques de 70m de haut. Et pourtant, toujours la même émotion de voir qu'il y a tant de choses qui nous dépassent, qui nous subjuguent à tel point que tout le reste s'efface.

Dans les profondeurs parfois la vie devient mirage, coupé du monde le temps s’arrête, le soleil et la lune n'existe plus, les pensées cessent et seul le battement de nos cœurs subsistent à l’intérieur de nos yeux ébahis . En tant qu'humble explorateurs nous partageons les émotions de nos prédécesseurs, elles sont gravées dans le roc et même dans l’atmosphère humide et fraîche qui emplit nos poumons.

Ce voyage intemporel se termine sur cette note, le retour au présent se fera par les mêmes chemins où nous remontons les traces du temps jusqu’à la surface. Le clou du spectacle aurait été de pouvoir remonter ce gouffre majestueux aux bloqueurs mais trêve de rêveries.. Ce fut pour tous une très belle journée qui clôturera ce camp spéléo en beauté. Nous nous retrouvons pour nos derniers instants autour d'une table pour partager un repas sur le pouce. Certains repartirons dans leurs contrées, d'autres resterons dans le coin tandis que l’équipe « cailloux » s'envolera vers les Pyrénées orientales.

Comme toujours, un plaisir de partager tout cela avec vous, en souhaitant la bienvenue à Joceline dans cette grande famille, je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures.

Sarah

Gouffre de Padirac, classique, dimanche 21 mai 2023
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