Espagne,région de Cantabrie, FFS Porracolina 2015.
Séjour du 19 au 30 juillet.
4 sorties seulement, en alternance avec des randos côtières en compagnie de Chantal, ma compagne non spéléo.
- 21/07: petite sortie de 5 heures dans l'entrée du réseau de la Gandara( 110km) pour aller à la confluence aval des deux rivières relever le capteur de pression Reefnet installé l'an dernier. Via un P 50 situé peu après l'entrée, 800 m de progression nous amènent à la rivière. Nous voulons aussi vérifier les courants d'air présents dans ce secteur qui voit affluer par un siphon 80% de l'eau du réseau, et dont l'amont est complètement inconnu( les 110 km sont sur l'autre branche). Finalement, seul un méandre très en hauteur, avec petite cascade, n'a pas été vu. Nous parvenons à monter à plus de 10 m par une galerie latérale, mais il faudra revenir pour équiper la suite et atteindre ce méandre. Impossible de sentir s'il y a de l'air depuis le balcon atteint. (participants: P et S Degouve, Etienne Bunoz, Bruno Pernot)
-24/07: Réseau de L'alto de Tejuelo ( 121 km), Torca du Passillo (dev 4km, -240): Je connais bien ce gouffre pour en avoir découvert l'entrée il y a quelques années et déja participé à 3 incursions dont la jonction avec plongée. Début juillet 2015, une petite escalade au bout d'une galerie ( avec beaucoup d'air..) a livré 800 m de nouveaux conduits susceptibles de permettre une jonction avec le réseau Aitken/ourson(situé à environ 200 m en plan, réseau de 10km non relié). Deux départs latéraux un peu avant le fond nous attendent. Les dimensions sont réduites, alternance régulière de passages à plat ventre, debout, 4 pattes... La topo et les relais d'équipiers s'enchainent dans un conduit pas très facile,labyrinthique ( type éponge), très agressif au sol et sur les parois ( aspérités multiples) mais avec toujours de l'air. Après 150 m, terminus sur rétrécissement humide, plus d'air. La recherche de l'air nous oriente vers le plafond 30 m avant le fond. Une petite dizaine de mètre d'escalade avec assurance sur concrétions nous livre l'accès à un nouveau labyrinthe encore plus tordu. Il nous faudra 2 heures, à 5 personnes pour trouver le bon passage sur seulement 50 mètres !! Bingo, on débouche dans une trémie puis une grosse galerie rectiligne( 10x10 minimum). Vu le temps déja passé, seulement 300 m en ligne droite sont topographiés jusqu' à une grosse coulée au sommet de laquelle la galerie sera à poursuivre. De gros départs latéraux ne sont pas vus faute de temps. Le secteur est très intéressant à triple titre. Le nouvel amont se rapproche d'un autre réseau connu de l'alto de Téjuelo, la jonction avec Aitken se rapproche également très fortement, et un nouvel aval se profile vers un secteur vierge du massif. Le retour s'effectuera en plus de 4 heures dont presque 3 dans les puits, notre camarade Etienne ayant connu des difficultés dans ce trou assez sportif. Bilan 500 m de première difficile mais quand même. TPST 14 heures, Participants: P et S Degouve, Etienne Bunoz, Gotchon (club basque de Guernica), Bruno Pernot.
-27/07:secteur du canal del Haya, commune de Bustablado, travaux de désobstruction dans un gouffre déja répertorié, s'arrêtant à -10 sur puits étroit avec beaucoup d'air. Deux pailles m'offrent d'équiper la suite en première, un petit ressaut et un puits de 12m. Le bouchon de blocs suivant est rapidement franchi, mais 5 m plus bas, nouvel obstacle. Une paille est efficace, mais les blocs forment bouchon dans la diaclase qui se rétrécit fortement plus bas. Malgré deux tentatives, impossible de forcer ou de remonter les blocs, c'est trop étroit. L'air passe en force, mais pas nous. Tant pis, trop de travail on laisse tomber. Le secteur environnant de dolines/lapiaz à lames est prospecté à nouveau, c'est tellement vaste et plein de recoins. Des entrées déja répertoriées sont retrouvées, ainsi qu'une grosse doline à 50 m de notre gouffre délaissé. Au fond de celle ci, Patrick franchit une étroiture non vue lors de la première visite des années en arrière. Pendant que les deux autres continuent à prospecter, je le rejoins et on commence la topo dans un beau méandre fossile bientôt rejoint par un second provenant d'un amont, il y a de l'air aspiré en aval. Quelques passages étroits plus loin, on bute sur la margelle d'un large puits ( palier à 6 m +10 derrière?). Pas d'équipement avec nous, il faudra y retourner. Bilan : 150 m topographiés et un trou très bien placé dans ce secteur. TPST: 3+2h Participants: P et S Degouve, Etienne Bunoz, Bruno Pernot.
- 28/07: Réseau de CARCABON ( commune de Ramalès, massif voisin de Porracolina). Ouvert en 2013 après des années de travail difficile, le boyau d'accès hyper ventilé -ronflement permanent, vaguelettes dans les voûtes mouillantes provoquées par l'air- surnommé la "via coloscopia" long de 300 m, très boueux- n'est possible qu'en très basses eaux. Une montée de 50 cm suffit à verrouiller les voûtes mouillantes. Cet hiver, avec des crues cinquantenales, l'eau est montée de plus 30 m dans le réseau avec sortie exceptionnelle par notre exutoire d'accès... A la sortie du boyau, comportant à l'entrée une étroiture inclinée redoutée au retour, deux lacs sont à traverser en nageant, entrecoupés de cheminement en grosse galerie, de petits puits divers à monter puis descendre, de mains courantes glissantes et de passages pentus équipés en fixe. Tout cela avec une néoprène 3mm sous la combinaison et son sac perso à traîner (sac étanche, eau, bouffe, matos collectif). Après une heure et demie de progression très sportive, à la sortie du dernier lac, on atteint le " vestiaire". Nous avons décidé d'emporter des sous combinaisons en sac étanche pour progresser ensuite plus facilement. Ce sera un bon choix malgré la contrainte de remettre la néo au retour.
Début juillet, une équipe a exploré en première ( et en néo..) 2 km de galerie dans l'axe principal, au niveau le plus bas ( galeries de bonne taille mais semi actives avec bruit de rivière dessous). A un carrefour bien marqué avant le départ vers cet amont principal, nous montons dans la salle et la galerie du périscope pour trouver un niveau supérieur. On topographie la galerie des Piranhas au passage, puis jonction de cette dernière avec le périscope au pied d'une grosse trémie avec air. La trémie est franchie verticalement à travers les blocs sur 15 m, le passage bien purgé. J'ai la joie de déboucher dans une salle de très grande taille qui se révèle en fait être le départ d'un gros canyon de 20x40 avec un point haut mesuré à + 66m ! C'est tellement gros qu'il faut monter et descendre régulièrement. Mais cela ne dure pas, des énormes coulées stalagmitiques nous oblige à tailler des marches au burin/marteau pour les franchir. Les concrétions et les excentriques font leur apparition. Nous nous obligeons à emprunter le même chemin pour salir ou abimer le moins possible tellement c'est propre, beau, fragile, magique. La topo et les relais s'enchainent avec des visées de 50 m et plus. Il faut trouver le bon positionnement à l'avant pour que la visée laser et le travail du topographe soit le plus facile et direct. Nous prenons donc des relais à tour de rôle pour pouvoir profiter chacun de cette belle première.
Le canyon se transforme vite en gros conduit entrecoupé de trémies contournées facilement. Le sol se couvre de gours asséchés sur les 20 m de large, les concrétions se multiplient. C'est un grand moment, la galerie est superbe. Arrive d'autres bifurcations nous obligeant à faire des choix, à mettre des points topo et surtout à ne rien oublier. Ici arrêt sur puits dans un nouvel aval, là cul de sac sur coulée etc... Après 8h de progression et plus d'un km ajouté, il nous faut faire demi-tour dans un conduit de 20x20... Il faut penser à rentrer avec quelques photos au passage, une amélioration des marches dans les coulées; etc. Il nous faudra 4 heures pour revoir la sortie à ce point atteint( 1300 m de l'entrée).
Le réseau connu atteint désormais 5 km avec un point extrême à 1800 m de l'entrée, mais ce n'est vraiment que le début, vu la taille des galeries et le massif énorme au dessus ( les sommets culminent à 1200 m, l'entrée est à 120 m à peine). Encore quelques sorties puis ce sera bivouac vu les délais requis pour poursuivre et les difficultés de progression à l'entrée. Des prospections sont à faire pour essayer de trouver un autre accès par un gouffre, mais rien de connu ou presque sur ce massif peu parcouru apparemment par les locaux. La partie boisée jusqu'à l'altitude 500 m ne facilite pas les recherches, c'est presque impénétrable. La piste carrossable s'arrête très vite, l'extrémité du massif est à 10km...Du boulot pour encore de nombreuses générations ! A peine rentré, déja envie d'y retourner...
TPST: 12 h, participants: P et S Degouve, Etienne Bunoz, Bruno Pernot.
Bruno